samedi 15 décembre 2012

lundi 26 novembre 2012

26.11.12


L'émission toucha à sa fin et les voix se turent pour laisser place au générique. Les notes de piano coulaient comme les perles le long d'un fil et en regardant par la fenêtre j'aperçus ma voisine, celle que je ne vois jamais dans cet appartement qui ne lève que rarement les paupières. Accoudée à son bureau, sous une ampoule minuscule, il n'y avait que son stylo qui bougeait au rythme de ma musique. A peu de choses près les rubans de mes rideaux lui tombaient sur les cheveux.  

lundi 19 novembre 2012

18.11.12


J'ai fait le choix de rester dans mon propre sillage encore un peu. Ce n'est pas que le dehors n'est pas rose, oh non, au contraire, ici tout est tourbillon joyeux. C'est juste qu'il me faut encore un peu m'installer dans mes propres fauteuils, je crois, tu vois, prendre ses aises, laisser ses chaussures à l'entrée, croiser ses pieds sur l'accoudoir. S. qui est partie à une heure de l'aube déjà avancée, je l'ai accompagnée direct à ma tombée du lit, à ma tombée de sommeil, sans me laver les dents. Mon portable rend l'âme et je refuse l'idée que son blanc et son rose ne viennent plus habiter mes intérieurs de vestes, de sacs, d'oreilles. J'ai une petite sœur qui récolte mes culottes dans les housses de couettes et me les envoie par la poste. J'ai passé les trois derniers jours à me nourrir de cœur de bœuf et de tentacules de pulpo. A y réfléchir, ce n'est pas un hasard. Le cœur pour les battements, pour les vibrations, la résonance, le siège des hauts des bas, l'hors contrôle, le creux des sentiments, le sein le sang, le bouillonnement de nos sèves, les beats que parfois les choses nous font skip. Les tentacules, elles, c'est l'agrippe, la souplesse, des bras tendus, libres, n'aspirant qu'à trouver un peu de terre ferme pour respirer deux minutes, et repartir, toujours, et avancer, encore.  



Paul & Fritz Kalkbrenner - Sky and Sand

mercredi 31 octobre 2012

31.10.12


Je suis entourée de livres et d'étagères qui montent jusqu'au plafond et se brûlent probablement les cheveux aux néons. Dans cette bibliothèque ce sont littéralement les livres qui montrent le chemin, qui dessinent les couloirs et guident les pas des étudiants dans un labyrinthe où l'on entre seulement après avoir laissé son sac dans des casiers près du gardien. Les livres dominent, ils sont riches et abîmés, portent des robes dorées ou n'affichent que la sobriété d'une couverture unie. Je suis comme dans un cour intérieure, les tables forment un îlot qu'embrassent ces girafes de bois et de papier. Au dehors, dans mes yeux et mes oreilles, les oiseaux du soir pépient à pleins gosiers. Ils s'épépient pour aller donner la réplique aux cloches de la cathédrale qui sonnent la fin d'un cours auquel je ne suis pas allée. 

30.10.12


Comprendre qu'au fond les peurs ne doivent pas toujours être partagées et qu'il est parfois plus facile de les garder en soi, au repos, de relativiser en silence pour ne pas les faire exister de trop. Ca pèse de ne pas toujours savoir mettre un pied devant l'autre, oui, mais ça pèse encore plus de se le coller comme étiquette sur le front for the world to see. La dernière phrase sera pour dire qu'il n'est en ces jours rien de plus satisfaisant que de fermer facebook, de cliquer sur la croix rouge pour tout faire disparaître. Ou réapparaître, cela dépend des points de vue.

mardi 30 octobre 2012

02.12.11


Et si je te disais que je ne veux plus marcher toute seule? Mais que tout ce qui est étranger et pénètre un peu profondément dans mon for intérieur me trouble la vue? Et si je te disais que je ne me vois avec personne d'autre que quelqu'un aux mots français, comprendrais-tu? Si je te disais combien c'est incroyablement difficile de ne pas rester au lit pour toujours quand les gouttes de décembre font la farandole? Parfois je me demande à quoi cela peut bien servir de ne plus voir les jours passer, de toujours voir dans l'avenir une version améliorée du présent alors que tout ne devrait être vécu que sur le coup puisque rien ne peut être plus certain. Je n'aime pas non plus ces jours qui ont l'air de valoir plus que d'autres, noël, anniversaire, pâques, nouvel an. Je crois que chaque jour à le même potentiel en bonheur ou en désamour.    

jeudi 25 octobre 2012

25.10.12

Si tu as peur du sommeil et du ciel trop grand
Si tes idéaux s'écroulent le soir de tes 20 ans

Bientôt, bientôt, peut-être jamais, je raconterai comme c'est enivrant de se perdre dans les accords de ce chanteur et de se sentir en profonde harmonie avec les monuments d'une ville si allègre, tan alegre.

dimanche 7 octobre 2012

 « C'est simple, vous tracez une ligne de Strasbourg à Bayonne. A l'Ouest ce sera de la pluie et à l'Est du soleil. »

06.10.12


Non non, il ne faut pas prendre plaisir à te couper le cœur en mille et à en disséquer chaque partie car au final tout ce que tu as sont des œillères au bord des yeux. Il n'y a pas de langue à maîtriser, il n'y a pas de villes à parcourir, il n'y a pas d'hommes à embrasser. Tout se résume à ne pas s'enfermer dans ses propres cadres, à ne pas se limiter à ce que voient les yeux mais à toujours trouver l'élan d'aller voir ailleurs tout en s'attachant soi-même en son centre. La nouveauté n'est étourdissante que si tu t'acharnes à lui imposer une direction, si tu la tronques en lui exigeant de t'apporter certains fruits mais pas d'autres. Il n'y a que des rythmes à sentir pulser au plus profond et fermer les yeux pour apprendre à apprécier la simplicité des choses qui font du bien. C'est compresser son cerveau mais surtout savoir comment lui donner du leste. C'est vivre avec les cheveux détachés. Aujourd'hui, un homme se fait tuer à Strasbourg à 6h du matin. C'est se réveiller avec les ongles longs et se coucher en les rongeant doucement. Aujourd'hui, nous avons bu nos verres à la lueur d'un lampadaire, cette lumière que l'on croit blanche mais qui en réalité colore le monde de vert et d'anis, j'aurais presque pu le toucher car les fenêtres de ce café n'avaient pas de carreaux; j'aurais aimé lui dire salut monsieur je me permets de te caresser le visage parce que je ne t'ai jamais vu de si près et que je tiens à te remercier, toi et tes semblables, d'éclairer les gens la nuit et d'ainsi les doter d'une clairvoyance que ton absence rendrait impossible. Gran Via s'étendait en éventail devant nous, du ciel rose à 18h aux phares avants des voitures à 20; les bus nous affichaient leur destination et se seraient peut-être arrêtés si de là-haut, perchées au balcon, nous leur avions fait signe d'attendre. C'est apprendre qu'on peut sourire avant d'aller mieux au lieu d'attendre d'aller mieux pour sourire. C'est parler avec H., la sentir aussi incroyablement proche qu'étonnamment éloignée, c'est ne pas l'entendre me demander And you? How are you? mais la voir dire sans me l'adresser qu'on n'a besoin que de soi-même pour être bien. Et ça, comme dit Olivia, ça vaut de l'or.



Benjamin Biolay - Rendez-vous qui sait

mardi 2 octobre 2012

Save a few tea bags for me in your cupboard. 

dimanche 30 septembre 2012

jeudi 27 septembre 2012

07.02.12


Jamais je n'avais pensé au fait que les larmes sont chaudes et naissent à température corporelle. Ce sont des gouttes de 37° qui roulent sur nos joues souvent froides au mois de janvier. Elles ont beau ne pas être glacées, elles résultent toujours d'un excès de froideur quelque part en nous, quand quelque chose se bloque, quand quelque chose ne passe pas, nous taraude, et que le sang ne fait qu'un dernier tour sans trouver de réponses à un trop-plein de questions. Alors cette angoisse se distille et ça coule chaud. Ceci dit, cette chaleur lacrymale se montre réconfortante car nul n'aurait besoin de larmes froides en plus de son chagrin. Et le sel que souvent la langue recueille nous montre le chemin de la mer dans les pleurs. Comme si la peine au bord de la plage nous disait regarde les vagues et les tourments qui se brisent contre les rochers et, si tu lèves les yeux, au loin de la clarté à perte de vue.

jeudi 20 septembre 2012

19.09.12


En entrant dans le Parque de los Jesuitas, j'ai trébuché sur un caillou et un homme d'un certain âge m'ordonna de faire attention avant de m'inviter à m'asseoir à ses côtés. Il avait deux revues de supermarché et m'a fait cadeau de l'une d'entre elles. Il chassait les mouches de son front avec l'autre. Venga, mira, sentate. J'ai l'impression que les espagnols ne communiquent qu'à l'impératif, qu'ils y vivent en plein dedans. Eres una mujer guapa. D'ordinaire une phrase comme celle-ci prononcée dans un lieu public par un inconnu ne pourrait qu'être associée à du mépris d'un homme envers une femme, ceux qui ne calculent qu'en raccourcis et parviennent à leurs fins plus qu'on ne croit. Mais il faut aussi apprendre à recueillir les compliments, ne pas toujours les laisser filer et essayer pour quelques heures de les porter contre soi. Bueno, guapa no, guapa no. Fea no. Pues, interesante. Una mujer interesante. Tienes ojos de mala y una carra de buena. Mais qu'est-ce qui m'raconte le pépé? Je pensais qu'il employait là une expression idiomatique qui échappait à mon entendement mais il contesta. Ses phrases me laissaient pantoise. J'étais partagée entre la tendresse que l'on accorde aux grands-pères sensibles et un certain renfrognement devant tant d'invasion. Il tâta mes mains et me conseilla de mettre de la crème car toute femme pourrait faire fortune à condition d'avoir les mains douces. C'est déroutant d'accorder à un inconnu le droit de vous dévisager. Et puis, bien entendu, il me dit que la jeunesse ne savait plus communiquer, qu'ils perdaient tous le goût de la parole et qu'ils ne formaient qu'un ensemble de gosses de riches nés dans des familles trop pauvres pour subvenir à leurs aspirations sans lendemain, ce qui conduisait l'Espagne d'aujourd'hui à becter une génération de nini: ni estudio ni trabajo.
Et plus tard, j'ai décidé que j'irais tellement plus volontiers visiter les rayons du Carrefour en périphérie que les tours des cathédrales. Ce supermarché était un modèle standard et aurait bien pu se trouver dans la zone commerciale de Brétigny-sur-Orge, sortie 21, première à gauche après le feu, semaine de rentrée, -20% sur les fournitures à partir du 3e enfant, bonjour-avez-vous-la-carte-carrefour. J'avais besoin de ma dose quotidienne d'agitation urbaine, de me faufiler entre les caddies, dans les étalages de la marque repère et choisir, ou non, de mettre un peu plus sur les yaourts juste une fois, de ralentir quand devant moi la personne ralentit et que le trottoir est trop étroit pour impoliment lui passer devant, de griller les feux rouges, de lécher les vitrines sans rien emporter mis à part du parfum sur le poignet.

lundi 17 septembre 2012

15.09.12


J'ai cette ville qui pulse derrière mes carreaux que je n'arrive pas à fermer. Il y a à vrai dire deux fenêtres l'une après l'autre donc quand je me penche pour aller voir de quelle couleur sont les draps des voisins sur les fils reliant entre elles des familles qui dans la rue peut-être ne se saluent pas, ce n'est pas par la fenêtre mais par les fenêtres que je regarde. Ici la nuit a la vivacité des journées avec la lumière en moins. C'est aux heures d'après-minuit que l'on brille le plus et qu'une fièvre bénigne galvanise les rues. Les bébés s'endorment dans leurs poussettes qu'on chante ou qu'on danse, qu'on joue au violon ou que retentissent les dernières pressions des bières. Je n'aspire qu'à me lier à d'autres sueurs alors qu'en pleine journée mon lit de 105 suffirait presque à me rendre heureuse. Un soir de semaine, sur les coups de 23h, j'ai fait la bise à un homme habillé en femme de la pointe de ses talons à l'extrémité de ses cils et je l'ai trouvé beau à tomber. Je fonds à moitié quand je demande au boucher Tiene corazón? et qu'il me répond en souriant bueno, yo si! pero no para vender. J'ai vu un taureau mourir dans une flaque de son sang que des hommes vêtus de blanc ont savamment saupoudrée de sciure, balayée et Ole! au prochain. Je me précipitais au derrière de l'arène pour voir quel sort l'on réservait à l'animal encore chaud de sa lutte. Rien d'autre qu'un camion de viande trop ferme pour être vendue au prix de son vécu.
Si dans les mois qui suivent quelqu'un me demande quelles furent les études de mon semestre espagnol, je répondrai que je ne sais plus exactement mais sans doute quelque chose comme l'art de vivre. Une vie dans la chair généreuse d'un pays sur la pente de la privation. Je ne peux m'avancer mais pour l'instant je tente de la jouer pas à pas. Donc demain avec L. nous irons voir les chemins de terre qui savent toujours se trouver au-delà des rues qui ici se refusent obstinément à nous montrer la rudesse des temps présents.

 
La Parrandita de las Santas - Amparo Sanchez

09.09.12


Je parcours la ville à la recherche d'une onde d'internet et me promets de choisir un ordinateur moins lourd la prochaine fois. J'ai peur de l'orage depuis cet été. Je tamise ma chambre en baissant les volets en pleine après-midi parce qu'ici, la siesta, c'est imprégné jusque dans les murs des maisons. Je fais défiler des albums photo entiers. J'arpente les allées des halles centrales, je choisis ma viande à vue d'œil et montre du doigt impoliment. Je m'arrête pour prendre trois crevettes roses et 200g d'olives vertes. La blancheur des cochons de lait me refroidit aussi sec. Je ne pense qu'à Maastricht. Je pleure pour Maastricht. Je ne visualise que les petites mains de leur fille qui, je l'espère, ne quitteront jamais les siennes. J'oublie le pain. Je fais sécher ma lessive sur un balcon étroit. Je danse quand la Plaza Mayor se transforme en dancefloor. J'appelle Alina, ma rencontre d'aéroport, l'entends me dire qu'elle ne rentre que dans une semaine et raccroche toute retournée. Je passe presque tous les jours par zara home. Je n'aime vraiment que le silence. Il y a un mois, je passais mon code et traçais doucement mon chemin à quatre roues sur le bitume corrèzien. Je porte Bretenoux, Meyssac et Lagleygeolle sur moi. Je me demande où je vais. Je n'ai encore rien accroché au mur. Je me remets en pyjama a las dos de la tarde. Je n'écoute pas la radio. J'irai à la piscine et danser tant que je peux. J'essaye de retenir ma respiration en sortant de mon immeuble le matin car les ferias de Salamanca ont fait de ma rue un urinoir public. Je regarde la télé avec un bloc notes. Je croise des regards de confiance. Je commande des schweppes. J'achète Elle et Psychologies en espagnol. Je mange des biscuits à 3h30 pour trouver le sommeil. Je pense à Maastricht, toujours. Je franchis les limites du centre ville pour me retrouver dans le calme des faubourgs et apercevoir au loin le flanc des collines dénudées.


04.09.12


Sur le chemin vers les r que l'on roule autant que l'on racle et des filles que l'on interpèle à coups de guapa, mes yeux se sont remplis du vide des champs parsemés de taureaux marrons, noirs ou blancs qui avaient sous les pieds de l'or à n'en plus finir. Dans mes oreilles la voix pétillante de Sonia Devillers pour adoucir la perte de repères imminente. Pas la même langue que ce que mes yeux voyaient pour conserver un équilibre sans larmes. Alors que le soleil disparaissait derrière les collines en soulignant les silhouettes des églises, les gens se promenaient par deux sur les chemins à peine battus bordant l'autoroute, les bras souvent liés. Un désert reclus malgré son étendue, à l'ombre des villes mais pas de la lumière, peuplé d'un ensemble de figurines respirant la quiétude. Et puis sous le ciel bleu marine sont soudain apparues deux cathédrales, dominant majestueusement une ville qui porterait, je l'espérais de tout cœur, le nom de Salamanca. Comme si les scintillements de la ville, même les ampoules les plus vacillantes aux coins des boulevards, finissaient par ne faire plus qu'un en illuminant cette dentelle de pierre ocre. Je me dis toujours que tant qu'une ville est bordée d'une rivière, l'air frais sait se trouver en cas de besoin. Après l'empressement de l'arrivée dans les soutes de l'Avanzabus, après l'étreinte maternelle de ma voisine ponctuée d'un Si te puedo ayudar te ayudo mi niña, une forte brise m'a saisie toute entière et empêchait mon gilet de rester boutonné. Je marchais à cœur grand ouvert le long du trottoir dont les roues de mes valises faisaient résonner toutes les dalles. Le vent m'enveloppait de tout son souffle et, à cet instant, cette fraîcheur crépusculaire m'apportait la dose de chaleur nécessaire en terrain inconnu. C'est une angoisse grisante qui parcourt les veines de celui qui arrive à bon port sans savoir ce que réservent les jours à venir, si son aventure, aiguillée par le plan de la ville, s'imposera comme une évidence ou s'il se trouvera à rebrousser chemin après avoir perdu le nord. Le pincement au cœur ne m'a toujours pas quittée et les larmes surgissent sans mal. Je me convainc que, bon, sans prétention aucune, I've done that before et que l'Espagne respire la bonté par tous les pores. Tant que des anglais sonneront à la porte et me diront nice to meet you, tant que les espagnols ponctueront leurs phrases de cariño ou mi niña, que leur spontanéité me fera rougir jusqu'aux oreilles, tant que l'on récoltera des citrons calcinés sous la cuisinière et que j'irai acheter les miens aux halles qui jouxtent ma rue, tant que je parviendrai à m'extirper des dynamiques Erasmus et à faire des fautes de grammaire sans chercher à m'enterrer dans la seconde, je me dirai que ces quelques semaines ressemblent presque à une belle promesse.   

23.08.12


Il y a de quoi se rouler à moitié nue sur un canapé alors que la soirée s'étend de tout son long sur un air orageux. Les nuages s'épaississaient pour finalement ne faire que se dissiper. La Dordogne nous secouait davantage que les derniers jours, de timides remous clapotaient sous ce radeau où l'on avait fait élire domicile à nos mèches humides. Plus tard, toute cette moiteur n'a fait qu'un tour en moi et je n'ai trouvé que des cris non timbrés à projeter contre ces murs qui me tenaient si loin des fauteuils de velours auxquels j'aspirais par tous les pores. Laurence Anyways se dévoilait à d'autres pupilles que les miennes et cela n'était qu'épouvante. Comme si les paillettes sur ses yeux 90s scintillaient dans mon ombre mais restaient inéluctablement hors de ma portée. Les 5km à vélo que je n'osai parcourir.

27.06.12


Je te dis qu'il n'y a rien de mieux sur terre que d'entendre les oiseaux dans leur vol du soir au dessus des toits, quand le soleil tire sa révérence sans que sa présence ait assouvi nos besoins de chaleur. Il n'y a rien de plus plaisant que de passer ses journées avec quelqu'un qu'on ne connaît que depuis quelques jours dont l'humour fait passer les heures comme des biscuits et du thé anglais. Rire aux éclats à chacun de ses mots me plonge dans une humeur libératrice, celle qui fait réaliser que rien, rien, rien de rien ne vaut une bonne compagnie.  

19.05.12


Il y a ces milliers de livres compressés le long d'étagères identiques. Il y a surtout le savoir qu'ils renferment, lequel reste dans un silence qui en ferait presque oublier sa valeur. Les étudiants passent et repassent, leur sac rempli de câbles, de biscuits écrasés et de bouteilles d'eau dans lesquelles se noient les envies de dehors et d'air plus léger que celui des cellules silencieuses. Il y a le cliquetis des claviers et des multitudes de fenêtres qui s'entremêlent sur les écrans alors que tout ce dont nous aurions besoin est une rupture de connexion pour retrouver le chemin des lettres sur le papier, des pages qui tournent dans le vent et non à l'aide d'une flèche. Et par là, je ne veux aucunement fustiger les avancées technologiques que je trouve merveilleuses dans leur diversité et leur gratuité. Elles me font voyager quotidiennement. Je me soucie simplement de certaines choses.           

22.04.12


C'est en entendant les mots si doux prononcés par un enfant le long d'une bande son de quelques minutes que je réalise que ces paroles sont trop précieuses pour être condamnées à une existence sans futur et n'être conjuguées qu'au conditionnel du présent. Et je me dis qu'un pays au milieu d'un monde dans lequel les jeunes gens ne voient pas de continuation à leur chemin et envisagent leur planète comme quelque chose de périssable ne peut pas se relever sans l'aide de chacun, sans quelques courgettes sur les balcons de France et de Navarre.  

15.04.12
Ce dimanche matin, telle une souris à petites chaussettes rayées, je me suis occupée de la cuisine comme si elle avait été un enfant qu'il fallait réveiller d'une nuit de sommeil. Je lui ai vidé l'estomac pour tout remettre en place, je lui ai passé un gant sur le visage. Puis je me suis lavé les dents passant d'une pièce à l'autre sans y prêter attention et j'ai fini par tout cracher dans l'évier en regardant tomber la pluie sur les pissenlits de notre jardin.

13.04.12
J'ai fermé les yeux quelques secondes sur cette chaise inconfortable parce que les heures de sommeil manquaient à l'appel. Elle est passée à cet instant et a déposé un bisou sur mon front sans rien dire à part un sourire avant de continuer son chemin vers la cuisine. Il y a des personnes avec lesquelles les mots ne sont pas toujours nécessaires, pas toujours suffisants. Aussi fébrile que je me sentais dans le courant d'air des fenêtres grandes ouvertes, enveloppée dans du tissu inconnu, elle m'a insufflé un peu de chaleur droit vers l'intérieur.

11.06.12
S'il y a quelque chose dont je ne me lasse pas, qui dans la discrétion la plus complète parvient à remplacer bien des mots, ce sont les clins d'œil. Je pratique le clin d'œil à foison.

20.06.12
Il y a ce jeune homme qui dépose un bisou sur la vitre de la classe où je travaille. C'est rien, je ne pense vouloir rien de tout ça mais ce geste est susceptible de me rester dans la mémoire heureuse pour des siècles et des siècles.

27.06.12
La vie pourrait être consacrée à sentir bon. J'ai ressorti la biafine générique que j'avais achetée à la pharmacie de Besançon lors d'un périple à vélo. Cette pharmacie près du pont, sur les quais du Doubs, où nous avions rencontré un couple de Mulhouse qui ne parvenait pas à croire que nous avions parcouru toute cette route à quatre roues. Elle sent merveilleusement bon, je l'applique sur mes bras sans brûlures pour mon plaisir personnel, celui de passer mon nez et de me sentir un peu comme une jeune fille en fleurs.

29.04.12


Je voulais rentrer à la maison pour 48 heures mais vendredi soir, la gare de Liège m'a retenue trop longtemps pour y croire encore. L'impolitesse des gens m'a éclaboussée une fois de plus, fondre en larmes au milieu de cette place résolument impersonnelle, suffoquer au téléphone sur le point de couper, me sentir plus vulnérable que les cailloux qui jonchaient le sol, sentir une potentielle menace en chacun des passants aux alentours. J'ai repris mon train vers plus de sureté en séchant mes larmes dans une conversation anglaise et, plus tard, en assemblant des pièces du puzzle dans la salon de J. Puis j'ai passé un weekend calme, presque vide, à porter mes idées vers des choses qui pouvaient me combler sans pour autant aller jusqu'à me bouger pour que la situation évolue. Dimanche, je pioche dans les salades composées et colorées au milieu d'un parc où les gens font leur propre pain et les enfants construisent leurs moulins à vent. Je ne peux m'empêcher, cependant, de me sentir entre les lignes de la marge de l'action, donc, sans laver mon assiette, je suis partie d'un pas libérateur en direction des salles du Lumière. A 20h, constater que 20% des voix soutiennent Marine Le Pen, certainement tous profils confondus, jetant pourtant la même détresse dans les urnes d'une nation qui ne distingue plus tellement le début de la fin. Aller me coucher au son de Godard à travers Anna Karina. 

mardi 29 mai 2012

Regarde par la fenêtre, tu vois, tu n'es pas la seule à écrire jusque tard dans la nuit. Rassure-toi. Ne compte plus les minutes et concentre-toi sur ce que tu as à dire. 

lundi 7 mai 2012

01.05


Le soleil repeint la pierre blanche d'une couleur autrement plus éblouissante. Le muguet du 1er mai ne saura pas me montrer l'étincelle de sa robe donc je cherche ses traces dans tout ce me passe par la vue. Je cherche la fraîcheur des choses simples dans les nervures de feuilles ou de pétales, mais j'aspire également au vide que les jours fériés tendent de leurs mains rebondies. Comme ces oreillers qui supportent les têtes cotonneuses quand les matinées s'allongent le long de rideaux unis. Je trouverai aujourd'hui cet apaisement dans l'herbe que le poids de mon corps aplatit. Ceci dit, il est parfois très désagréable de s'allonger dans un gazon trop vert et trop moite, mais parce qu'il est d'usage d'apprécier l'herbe fraîche peu importe son état, on tente de se convaincre que rien de mieux pourrait nous satisfaire que d'être couché de la sorte, le nez vers les nuages. J'ai vu un garçon qui ne savait pas comment se débrouiller de ses deux jambes car la position genoux repliés et coudes nonchalamment reposés ne lui convenait pas. Il nous a avoué qu'un simple banc pourrait subvenir à son inconfort. Alors au fond peut-être peut-on savourer un jour férié autre part qu'entre les coccinelles, aussi belles soient-elles.
Je suis rentrée ce soir quelques minutes avant minuit, pas trop tard mais juste assez, après être allée prendre un verre très jazzy avec T. au son du saxo et des cymbales. Le vent faisait s'envoler les cartes du menu, les boîtes de cigarettes vides et s'éteindre les petites flammes au creux des bougies. Alors nous sommes allées nous réfugier dans le coin d'une table sur ce parquet grinçant. L'air était très doux sur le retour, plus doux qu'à l'aller où il m'aurait paru que l'air transperçait mes bras à travers les mailles de mon pull. Nous parlons toujours des instants entiers avant de sortir nos clés pour partir nous coucher. C'est comme si le sablier des confidences ne cessait de se tourner et de retourner sans que personne ne lui prête un soupçon d'attention. Seules les confidences et les silences qui les distillent résonnent et c'est une valse des plus précieuses dans la brise de minuit. Toujours est-il qu'au milieu de cette connivence est apparue une silhouette derrière une fenêtre qui nous surplombait. Justement, il fermait des rideaux qui auraient pu contribuer au délice des matinées de jours fériés.


Et parfois, il faut accepter que ça ne marche pas dans la seconde et que deux personnes nécessitent un peu plus de temps pour se réadapter l'une à l'autre. Contrairement à ce que l'on veut bien nous faire croire, rien n'est instantané, même quand on vogue sur la même onde. Se sentir en symbiose avec quelqu'un demande un léger abandon, ou du moins un certain dépassement de soi. Lâcher prise, laisser sa retenue de côté pour éventuellement élire domicile dans les yeux d'un ou d'une autre est une des choses pour lesquelles il faut travailler dur de nos jours. C'est donc peu étonnant que ça ne clique pas toujours dès la première entrevue et finalement cela n'a rien d'alarmant. Cependant, je dois dire que j'en veux aux beaux scénarios de pertinemment nous assurer le contraire.   

A Separation



Dans ce film où tout s'oppose, les classes, les sexes, les aveux et les erreurs, où la vérité demeure voilée dans le regards des enfants comme dans les formes que couvrent les tchadors, il n'y a pas d'issue pour le spectateur qui se retrouve à balancer au rythme des dialogues sans savoir à quoi se raccrocher mise à part la quiétude d'un grand-père dément. Cette tisane au citron que l'on a commandée avec J., nos noms furent appelés et il a fallu aller régler les tickets. J'ai englouti la moitié de mon verre. Au milieu du film, j'ai senti qu'il me fallait sortir, que ce remue-ménage au niveau de plexus solaire n'annonçait rien de bon. J'ai loupé 15mn du film. J'étais tremblante aux toilettes. J'ai trouvé un fauteuil dans la salle d'à côté, temporairement inanimée, et je m'y suis posée quelques instants. Se dire que la respiration sera là pour me sauver quoi qu'il arrive, qu'elle apaise les maux les plus tenaces surtout quand ils se logent dans le fond de mon estomac pour remonter le long de ma gorge et se cramponner à tout ce qu'ils trouvent. J'ai pu regagner mon siège, tentant de me faire discrète en passant devant l'écran, et poursuivre le film avec le sentiment d'être revenue de loin.    


Comment fait-on quand les mots les plus douillets commencent à nous échapper? Hein, pourrais-tu me répondre petit Robert dictionnaire? N'aurais-tu pas l'envie de dissoudre tes plus intimes caractères dans mes petites cases tout là-haut?


En plein mois de février, le plus attristant des constats demeurait la mollesse des oranges du casino. Leur pulpe d'une couleur déjà passée et asséchée à l'épluchage, comme si même ces quartiers de vitamines se compressaient et attendaient les beaux jours pour reprendre leurs formes. Les instants qui lui faisaient perdre ses doutes ombrageux, elle les passait dans l'appartement de son ami avec qui il ne se passerait jamais rien. Il lui servait le café avec autant d'amour qu'aurait un pigeon pour sa tourterelle.  






Tu sais, quand t'as dans la peau des milliers de cellules réceptives de l'air environnant, quand les images te transpercent et que leurs saveurs te vont droit au cœur, sans détour, tu te dis qu'il y en a, des hectares de sensibilité à exploiter. Quand tu trouves tellement plus à romancer dans la fossette d'un regard ou la pertinence d'un mot lancé sans reconsidération préalable. Je nage, je suis une éponge dans une mer de transhumance.

samedi 5 mai 2012

Peut-être que l'écriture permet un dialogue d'un autre ordre. Peut-être qu'en vérité, je n'ai besoin de parler qu'à mes propres murs pour les ramollir et les démolir les uns après les autres.