Trois fois aujourd'hui
j'ai vu la mer à l'écran, trois histoires qui se déroulent, trois
finistères, rien de plus normal que des gens qui vont ensemble aux
limites de la terre ferme pour se prouver qu'on tient encore mieux
face au vide. Seule dans mon lit, au milieu de l'après-midi, mes
larmes coulent pour Adam, Roméo et Juliette et ce film qui n'est que
battements, bataille et beauté. La beauté de la bataille pour les
battements d'un enfant. Elle sait filmer les carreaux qui donnent sur
la vie de la ville et ceux qu'on voit moins et se construisent entre
les gens. Avec I. et C., on s'est mis en chemin à neuf heures moins
dix et il faisait encore jour, les rues étaient apaisantes alors
qu'en nous murmurait la fin d'une journée bancale. Là, on y arrive,
les trottoirs sont déserts, les lampadaires s'éveillent mais le
jour demeure, on trouve six sièges pour nous, on les occupe et on
part en train de nuit à Lisbonne. Deux heures plus tard, on sort en
file indienne, on trouve une table avec cinq chaises et on les occupe
à nouveau. Après cinq consommations on décide de retrouver l'air
frais pour qu'il nous ramène au bercail. Ensemble, toujours, les uns
à côté des autres on rentre chez nous en faisant des détours pour
ne pas avoir à quitter le confort que nos pas s'apportent. J'ai la
clé dans ma poche, je l'insère, je tourne, tout le monde au chaud
et les vélos aussi. Je me mets en culotte avant de dormir, je
m'étale sur mon lit pour éclairer ma chambre avant de dormir, je me
brosse les dents dans la baignoire avant de dormir, j'entends que H.
pianote avant de dormir, je dis au blizzard qu'il peut niquer sa mère
avant de dormir. Depuis hier, je porte une boule très discrète à
l'oreille droite. Plus de boules quies, plus d'écouteur, plus de
boucles, rien que cette petite marque de jours nouveaux dans un corps
sans doute un peu plus libre. Alors bonne nuit, et je le pense
vraiment quand je dis ça aux gens, je leur souhaite du plus profond
de moi, je veux qu'on dorme bien, sans houle sans trouble sans
sursauts, non, comme hier et avant-hier j'aimerais que la lune voie
le sourire et la reconnaissance que je lui envoie avant de dormir.
samedi 22 juin 2013
22.04.13
La journée d'aujourd'hui
me mène à une des ces soirs qui fait soupeser tout le poids des
choses, celui des heures passées, des pas à travers la ville, des
mots ingérés. Je monte les escaliers, mes livres contre le cœur,
et glisse la moitié de mes jambes sous la couette. Je me visse des
sons aux oreilles, j'enchaîne les chansons les yeux fermés pour ne
pas entendre que de sous mon plancher montent les rires et les
chuchotements pour lesquels on troquerait tous des litres de
sacrifices. Je ne veux pas être témoin du bonheur des autres,
vois-tu, pas ce soir. Je les entends descendre les escaliers sur la
pointe des pieds pour se prendre un verre d'eau dans la cuisine et
rendre ainsi à leurs bouches la fraîcheur que leurs lèvres se
volent. Je veux me replier sur moi-même pour m'emplir de ma propre
respiration et me dire qu'on peut s'endormir tout seul, qu'au fond on
est tellement de personnes en une seule que l'ennui ne nous touchera
pas, pas ce soir.
16.03.13
Après une heure trente,
la fille au joli juste-au-corps m'a dit c'est bon tu peux y aller. Je
venais seulement de décapsuler ma boisson, j'ai enfilé mon manteau
sans lâcher cette petite bouteille d'eau claire et je suis allée
m'asseoir sur les bancs, devant l'entrée, dehors dans le souffle du
soir, alors qu'au loin les cloches carillonnaient 22h30. Le couple
que j'avais passé la soirée à observer en essuyant des verres à
vin est sorti peu après. Ça sautait aux yeux qu'elle penchait du
côté du restons-en là, je regagnerai bientôt les States,
qu'allons-nous faire d'un océan, nous sommes à des stades de vie
différents but it was nice, really nice. Il lui a galamment
tenu son manteau, s'est assuré de la savoir entre de bonnes mains
pour rentrer mais il avait la queue entre les jambes et le bonnet
enfoncé bien bas sur les oreilles. C'était le même froid sous mes
doigts qui tenaient la bouteille que dans l'eau qu'elle contenait que
dans les brèves gorgées que j'avalais. Le contenant, le contenu,
moi qui tiens, l'air qui nous entoure, une bulle de froid et de
calme, surtout, car le froid est toujours silence. BB le couronnait
à merveille comme toutes les minutes de mes instants en ce moment.
Tant le ciel était sombre. Bien sûr, ce serait plus facile
de mettre la clé sous la porte pour aller en ouvrir de nouvelles.
Bien sûr, c'est toujours plus aisé de se planter comme nouvel
arrivant plutôt que de trouver sa place parmi les anciens.
Inscription à :
Articles (Atom)