jeudi 28 août 2014

20.07.14

Ils rentrent de soirée, ils marchent sans contact, sans regard dans le regard car le silence qu’ils partagent se charge de dire le reste. Ils ont passé la soirée sur des bouts de canap' différents à parler sans contrôler l’ordre des mots qui sortaient, à s’étonner de la cohérence de leurs pensées, à noyer leur présence dans le flot de paroles, dans la chaleur des corps réunis et dans le fond de leurs verres pas trop remplis. On tombe un peu les armes. On réalise que ces instants sont d'une dimension nouvelle et les gens qui disent qu’on se perd la nuit, non, ils ont tort, on se retrouve juste autrement. Eux, cette fille ce mec, ils se retrouvent sans chercher à se connaître. Elle entre dans sa piaule d’étudiant dont les murs transpirent les blocages mais elle ne creuse pas. Elle désépaissit juste la pile de vaisselle sale qui, contrairement à d’autres, tient en équilibre. Pas de bouilloire, bon, on rince les restes de la première casserole à l’eau froide, on la remplit jusqu’à ce que le poignet tremble sous le poids de l’eau et on augmente l’intensité de la flamme pour atteindre les 100°. La température qui apportera la fraîcheur nécessaire, éliminera la crasse des assiettes et rendra à la pièce de l’espace et au cerveau du répit. Après la lassitude, la gêne et le dégoût, il pourra à nouveau respirer et elle s’en ira satisfaite de le laisser dans un endroit moins propice à la perte de sens. Peut-être qu’au fond on trouve le sien, de sens, en aidant les autres à chercher le leur. C’est ce genre de grandes réalisations qu’elle a entre deux lampadaires le long de l’avenue interminable où souvent les ombres titubent à cette heure de la nuit. Avec ce garçon, elle est dans le contact de cet ordre car elle sait que ça ne sera jamais plus. Lui, il se raidit dès qu’elle pose sa main sur son épaule non pas parce qu’il aimerait qu’il se passe plus mais parce que c’est comme ça dès qu’une fille s’approche un peu trop près de son buste et de ses idées.