lundi 7 mai 2012

01.05


Le soleil repeint la pierre blanche d'une couleur autrement plus éblouissante. Le muguet du 1er mai ne saura pas me montrer l'étincelle de sa robe donc je cherche ses traces dans tout ce me passe par la vue. Je cherche la fraîcheur des choses simples dans les nervures de feuilles ou de pétales, mais j'aspire également au vide que les jours fériés tendent de leurs mains rebondies. Comme ces oreillers qui supportent les têtes cotonneuses quand les matinées s'allongent le long de rideaux unis. Je trouverai aujourd'hui cet apaisement dans l'herbe que le poids de mon corps aplatit. Ceci dit, il est parfois très désagréable de s'allonger dans un gazon trop vert et trop moite, mais parce qu'il est d'usage d'apprécier l'herbe fraîche peu importe son état, on tente de se convaincre que rien de mieux pourrait nous satisfaire que d'être couché de la sorte, le nez vers les nuages. J'ai vu un garçon qui ne savait pas comment se débrouiller de ses deux jambes car la position genoux repliés et coudes nonchalamment reposés ne lui convenait pas. Il nous a avoué qu'un simple banc pourrait subvenir à son inconfort. Alors au fond peut-être peut-on savourer un jour férié autre part qu'entre les coccinelles, aussi belles soient-elles.
Je suis rentrée ce soir quelques minutes avant minuit, pas trop tard mais juste assez, après être allée prendre un verre très jazzy avec T. au son du saxo et des cymbales. Le vent faisait s'envoler les cartes du menu, les boîtes de cigarettes vides et s'éteindre les petites flammes au creux des bougies. Alors nous sommes allées nous réfugier dans le coin d'une table sur ce parquet grinçant. L'air était très doux sur le retour, plus doux qu'à l'aller où il m'aurait paru que l'air transperçait mes bras à travers les mailles de mon pull. Nous parlons toujours des instants entiers avant de sortir nos clés pour partir nous coucher. C'est comme si le sablier des confidences ne cessait de se tourner et de retourner sans que personne ne lui prête un soupçon d'attention. Seules les confidences et les silences qui les distillent résonnent et c'est une valse des plus précieuses dans la brise de minuit. Toujours est-il qu'au milieu de cette connivence est apparue une silhouette derrière une fenêtre qui nous surplombait. Justement, il fermait des rideaux qui auraient pu contribuer au délice des matinées de jours fériés.

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