lundi 17 septembre 2012

04.09.12


Sur le chemin vers les r que l'on roule autant que l'on racle et des filles que l'on interpèle à coups de guapa, mes yeux se sont remplis du vide des champs parsemés de taureaux marrons, noirs ou blancs qui avaient sous les pieds de l'or à n'en plus finir. Dans mes oreilles la voix pétillante de Sonia Devillers pour adoucir la perte de repères imminente. Pas la même langue que ce que mes yeux voyaient pour conserver un équilibre sans larmes. Alors que le soleil disparaissait derrière les collines en soulignant les silhouettes des églises, les gens se promenaient par deux sur les chemins à peine battus bordant l'autoroute, les bras souvent liés. Un désert reclus malgré son étendue, à l'ombre des villes mais pas de la lumière, peuplé d'un ensemble de figurines respirant la quiétude. Et puis sous le ciel bleu marine sont soudain apparues deux cathédrales, dominant majestueusement une ville qui porterait, je l'espérais de tout cœur, le nom de Salamanca. Comme si les scintillements de la ville, même les ampoules les plus vacillantes aux coins des boulevards, finissaient par ne faire plus qu'un en illuminant cette dentelle de pierre ocre. Je me dis toujours que tant qu'une ville est bordée d'une rivière, l'air frais sait se trouver en cas de besoin. Après l'empressement de l'arrivée dans les soutes de l'Avanzabus, après l'étreinte maternelle de ma voisine ponctuée d'un Si te puedo ayudar te ayudo mi niña, une forte brise m'a saisie toute entière et empêchait mon gilet de rester boutonné. Je marchais à cœur grand ouvert le long du trottoir dont les roues de mes valises faisaient résonner toutes les dalles. Le vent m'enveloppait de tout son souffle et, à cet instant, cette fraîcheur crépusculaire m'apportait la dose de chaleur nécessaire en terrain inconnu. C'est une angoisse grisante qui parcourt les veines de celui qui arrive à bon port sans savoir ce que réservent les jours à venir, si son aventure, aiguillée par le plan de la ville, s'imposera comme une évidence ou s'il se trouvera à rebrousser chemin après avoir perdu le nord. Le pincement au cœur ne m'a toujours pas quittée et les larmes surgissent sans mal. Je me convainc que, bon, sans prétention aucune, I've done that before et que l'Espagne respire la bonté par tous les pores. Tant que des anglais sonneront à la porte et me diront nice to meet you, tant que les espagnols ponctueront leurs phrases de cariño ou mi niña, que leur spontanéité me fera rougir jusqu'aux oreilles, tant que l'on récoltera des citrons calcinés sous la cuisinière et que j'irai acheter les miens aux halles qui jouxtent ma rue, tant que je parviendrai à m'extirper des dynamiques Erasmus et à faire des fautes de grammaire sans chercher à m'enterrer dans la seconde, je me dirai que ces quelques semaines ressemblent presque à une belle promesse.   

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