mardi 29 mai 2012

Regarde par la fenêtre, tu vois, tu n'es pas la seule à écrire jusque tard dans la nuit. Rassure-toi. Ne compte plus les minutes et concentre-toi sur ce que tu as à dire. 

lundi 7 mai 2012

01.05


Le soleil repeint la pierre blanche d'une couleur autrement plus éblouissante. Le muguet du 1er mai ne saura pas me montrer l'étincelle de sa robe donc je cherche ses traces dans tout ce me passe par la vue. Je cherche la fraîcheur des choses simples dans les nervures de feuilles ou de pétales, mais j'aspire également au vide que les jours fériés tendent de leurs mains rebondies. Comme ces oreillers qui supportent les têtes cotonneuses quand les matinées s'allongent le long de rideaux unis. Je trouverai aujourd'hui cet apaisement dans l'herbe que le poids de mon corps aplatit. Ceci dit, il est parfois très désagréable de s'allonger dans un gazon trop vert et trop moite, mais parce qu'il est d'usage d'apprécier l'herbe fraîche peu importe son état, on tente de se convaincre que rien de mieux pourrait nous satisfaire que d'être couché de la sorte, le nez vers les nuages. J'ai vu un garçon qui ne savait pas comment se débrouiller de ses deux jambes car la position genoux repliés et coudes nonchalamment reposés ne lui convenait pas. Il nous a avoué qu'un simple banc pourrait subvenir à son inconfort. Alors au fond peut-être peut-on savourer un jour férié autre part qu'entre les coccinelles, aussi belles soient-elles.
Je suis rentrée ce soir quelques minutes avant minuit, pas trop tard mais juste assez, après être allée prendre un verre très jazzy avec T. au son du saxo et des cymbales. Le vent faisait s'envoler les cartes du menu, les boîtes de cigarettes vides et s'éteindre les petites flammes au creux des bougies. Alors nous sommes allées nous réfugier dans le coin d'une table sur ce parquet grinçant. L'air était très doux sur le retour, plus doux qu'à l'aller où il m'aurait paru que l'air transperçait mes bras à travers les mailles de mon pull. Nous parlons toujours des instants entiers avant de sortir nos clés pour partir nous coucher. C'est comme si le sablier des confidences ne cessait de se tourner et de retourner sans que personne ne lui prête un soupçon d'attention. Seules les confidences et les silences qui les distillent résonnent et c'est une valse des plus précieuses dans la brise de minuit. Toujours est-il qu'au milieu de cette connivence est apparue une silhouette derrière une fenêtre qui nous surplombait. Justement, il fermait des rideaux qui auraient pu contribuer au délice des matinées de jours fériés.


Et parfois, il faut accepter que ça ne marche pas dans la seconde et que deux personnes nécessitent un peu plus de temps pour se réadapter l'une à l'autre. Contrairement à ce que l'on veut bien nous faire croire, rien n'est instantané, même quand on vogue sur la même onde. Se sentir en symbiose avec quelqu'un demande un léger abandon, ou du moins un certain dépassement de soi. Lâcher prise, laisser sa retenue de côté pour éventuellement élire domicile dans les yeux d'un ou d'une autre est une des choses pour lesquelles il faut travailler dur de nos jours. C'est donc peu étonnant que ça ne clique pas toujours dès la première entrevue et finalement cela n'a rien d'alarmant. Cependant, je dois dire que j'en veux aux beaux scénarios de pertinemment nous assurer le contraire.   

A Separation



Dans ce film où tout s'oppose, les classes, les sexes, les aveux et les erreurs, où la vérité demeure voilée dans le regards des enfants comme dans les formes que couvrent les tchadors, il n'y a pas d'issue pour le spectateur qui se retrouve à balancer au rythme des dialogues sans savoir à quoi se raccrocher mise à part la quiétude d'un grand-père dément. Cette tisane au citron que l'on a commandée avec J., nos noms furent appelés et il a fallu aller régler les tickets. J'ai englouti la moitié de mon verre. Au milieu du film, j'ai senti qu'il me fallait sortir, que ce remue-ménage au niveau de plexus solaire n'annonçait rien de bon. J'ai loupé 15mn du film. J'étais tremblante aux toilettes. J'ai trouvé un fauteuil dans la salle d'à côté, temporairement inanimée, et je m'y suis posée quelques instants. Se dire que la respiration sera là pour me sauver quoi qu'il arrive, qu'elle apaise les maux les plus tenaces surtout quand ils se logent dans le fond de mon estomac pour remonter le long de ma gorge et se cramponner à tout ce qu'ils trouvent. J'ai pu regagner mon siège, tentant de me faire discrète en passant devant l'écran, et poursuivre le film avec le sentiment d'être revenue de loin.    


Comment fait-on quand les mots les plus douillets commencent à nous échapper? Hein, pourrais-tu me répondre petit Robert dictionnaire? N'aurais-tu pas l'envie de dissoudre tes plus intimes caractères dans mes petites cases tout là-haut?


En plein mois de février, le plus attristant des constats demeurait la mollesse des oranges du casino. Leur pulpe d'une couleur déjà passée et asséchée à l'épluchage, comme si même ces quartiers de vitamines se compressaient et attendaient les beaux jours pour reprendre leurs formes. Les instants qui lui faisaient perdre ses doutes ombrageux, elle les passait dans l'appartement de son ami avec qui il ne se passerait jamais rien. Il lui servait le café avec autant d'amour qu'aurait un pigeon pour sa tourterelle.  






Tu sais, quand t'as dans la peau des milliers de cellules réceptives de l'air environnant, quand les images te transpercent et que leurs saveurs te vont droit au cœur, sans détour, tu te dis qu'il y en a, des hectares de sensibilité à exploiter. Quand tu trouves tellement plus à romancer dans la fossette d'un regard ou la pertinence d'un mot lancé sans reconsidération préalable. Je nage, je suis une éponge dans une mer de transhumance.

samedi 5 mai 2012

Peut-être que l'écriture permet un dialogue d'un autre ordre. Peut-être qu'en vérité, je n'ai besoin de parler qu'à mes propres murs pour les ramollir et les démolir les uns après les autres.