vendredi 5 décembre 2014

09.06.14

C'est la dernière fois que je voyais la Galaxy s'en aller avec à l'intérieur une ribambelle de bras qui me faisaient des au revoirs auxquels j'ai répondu jusqu'à ce qu'ils ne soient qu'un tout petit point. J'étais plantée là, sous le cagnard, entre la boîte aux lettres et les marches du perron, dans cette robe rose yaourt qui ne tombe pas comme il faut mais je crois bien que c'est pour ça que je la mets. Ils sont tous partis en faisant un signe de la main, clôturant ainsi une romance d'hier qui reprend aujourd'hui. 1977-2014... les temps ont changé mais pas nous, a-t-on écrit dans le livre d'or. Ils m'ont embarquée dans leur histoire sans s'en rendre compte, ils me plantaient un décor que je n'ai jamais connu que dans les souvenirs de ma mère et qui, par leurs mots, leurs rires et tous les non-dits, reprenait un peu de sa chair au fur et à mesure des repas. La connivence des années, la distance des vies séparées, la facilité du second degré.

Aujourd'hui, Papa a 56 ans et M. me dit qu'il lui aurait avoué se trouver vieux dans le miroir. Aujourd'hui, j'ai eu envie de foncer dans un arbre pour retrouver un chemin un peu plus clair. Aujourd'hui, j'apprends qu'après 30 ans, on peut toujours être mal à l'aise avec une personne dont un jour on a fui les attentes. Aujourd'hui, je sens que l'âge est tout relatif et une immense affection s'impose pour cette troupe digne d'une film de Rohmer. Aujourd'hui, la peau me fond.