J'ai
cette ville qui pulse derrière mes carreaux que je n'arrive pas à
fermer. Il y a à vrai dire deux fenêtres l'une après l'autre donc
quand je me penche pour aller voir de quelle couleur sont les draps
des voisins sur les fils reliant entre elles des familles qui dans la
rue peut-être ne se saluent pas, ce n'est pas par la fenêtre mais
par les fenêtres que je regarde. Ici la nuit a la vivacité des
journées avec la lumière en moins. C'est aux heures d'après-minuit
que l'on brille le plus et qu'une fièvre bénigne galvanise les
rues. Les bébés s'endorment dans leurs poussettes qu'on chante ou
qu'on danse, qu'on joue au violon ou que retentissent les dernières
pressions des bières. Je n'aspire qu'à me lier à d'autres sueurs
alors qu'en pleine journée mon lit de 105 suffirait presque à me
rendre heureuse. Un soir de semaine, sur les coups de 23h, j'ai fait
la bise à un homme habillé en femme de la pointe de ses talons à
l'extrémité de ses cils et je l'ai trouvé beau à tomber. Je fonds à moitié quand je demande
au boucher Tiene corazón? et
qu'il me répond en souriant bueno, yo
si! pero no para vender. J'ai vu
un taureau mourir dans une flaque de son sang que des hommes vêtus
de blanc ont savamment saupoudrée de sciure, balayée et Ole!
au prochain. Je me précipitais au derrière de l'arène pour voir
quel sort l'on réservait à l'animal encore chaud de sa lutte. Rien
d'autre qu'un camion de viande trop ferme pour être vendue au prix
de son vécu.
Si dans les mois qui suivent quelqu'un me demande quelles furent les études de mon semestre espagnol, je répondrai que je ne sais plus exactement mais sans doute quelque chose comme l'art de vivre. Une vie dans la chair généreuse d'un pays sur la pente de la privation. Je ne peux m'avancer mais pour l'instant je tente de la jouer pas à pas. Donc demain avec L. nous irons voir les chemins de terre qui savent toujours se trouver au-delà des rues qui ici se refusent obstinément à nous montrer la rudesse des temps présents.
Si dans les mois qui suivent quelqu'un me demande quelles furent les études de mon semestre espagnol, je répondrai que je ne sais plus exactement mais sans doute quelque chose comme l'art de vivre. Une vie dans la chair généreuse d'un pays sur la pente de la privation. Je ne peux m'avancer mais pour l'instant je tente de la jouer pas à pas. Donc demain avec L. nous irons voir les chemins de terre qui savent toujours se trouver au-delà des rues qui ici se refusent obstinément à nous montrer la rudesse des temps présents.
La Parrandita de las Santas - Amparo Sanchez
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