Cela fait une semaine que
nous arrivions dans Lyon en dépassant son centre, pour y entrer
finalement par de plus petites voies comme nous avions prévu dès le
départ. Cela fait une semaine que l'on goûtait au privilège d'une
chambre d'hôtel et d'une cabine de douche reluisante. Nous mangions
un melon à deux ainsi qu'une brique de soupe de légumes. Nous
étions affalés sur ce lit si grand si blanc et la BBC nous
apprenait le drame en Norvège. Cela fait une semaine que nous
partions sous la pluie pour la séance de 22h15, que tu me disais
qu'il fallait qu'on se dépêchât un peu. Une semaine depuis
cette nuit où tout me sembla encore plus distordu que les jours
précédents, où il n'aurait suffi que d'un mouvement de petit doigt
pour trouver ton corps et m'enfouir sans doute profondément dans le
couloir des espoirs. S'en suit le matin qui me réveille alors que je
doute avoir fermé l'œil. Trop perturbée par ton souffle
apparemment endormi, mes yeux inquiets et vagabonds, le passage des
voitures derrière le rideau et la nuit qui n'était pas noire. Je te
désirais trop pour me reposer. Tu pars à l'aube te réfugier dans
la salle d'eau pour lire le guide vert. Lis-tu, fuis-tu? Ensuite, je
retiens une promenade dans Lyon un dimanche matin en début
d'après-midi. Je retiens finalement que tu nous offris une dernière
baguette à 0,70€. Quelques heures plus tard, tu proposes de
démonter les roues de mon vélo sur le quai. Je sens que le départ
est imminent. Tu me lances un 'à la prochaine' en échange duquel je
te fais la bise et te voilà éclipsé. Instantanément les larmes me
montent. Tu me manques, même en étant présent. Oui c'est ça avec
toi, tu me manques surtout quand tu es présent.
mercredi 29 avril 2015
mardi 28 avril 2015
23.02.15
La Mandoune est articulée
par des virages, un grand et deux ou trois petits, je ne sais plus,
c'est que mon volant tourne presque tout seul dans ces endroits-là.
Cette semaine fut la semaine des virages et pour le comprendre, je
suis même restée une heure trente allongée sur ma banquette
arrière, du soleil entre les vitres au milieu des façades colorées,
jusqu'à ce que les gouttes tapotent sur le dos de la carrosserie,
jusqu'à ce que la nuit tombe, que les voitures allument leurs phares
et que les fenêtres s'éclairent: des carrés jaunes, des carrés
crème, des carrés gris, des carrés bleus – ne jamais
sous-estimer les nuances dont nous dote la lumière des ampoules.
Il faisait 7 degrés et j'ai pris le soin de me plier le corps légèrement pour pouvoir étendre mes jambes jusqu'au plafond. Je me suis demandée comment on faisait pour faire des galipettes amoureuses à l'arrière des voitures et j'en ai conclu, naïvement sans doute, qu'il fallait se sentir assez à l'aise avec son compagnon pour faire en sorte de se fondre en un seul corps. Tout cela n'a rien à voir avec moi. Je n'ouvris pas le livre de M. mais l'emportai fermé dans mon sac plusieurs heures avant d'en explorer les premières lignes.
Mon manteau comme couverture, cette fausse peau de mouton qui me permet d'emporter avec moi l'odeur du tabac de toutes les cigarettes consumées dans les salons, sur les terrasses, les trottoirs par lesquels je suis passée – et même dans les jardins qui rouvraient leur étendue de verdure, laissant aux jeunes le plaisir de cibler les gosiers des tourterelles avec les billes d'un pistolet en plastique. Je ne sais jamais par où prendre ces visites éclair au pays. La redécouverte du connu, la transition d'un monde à l'autre, l'ajustement de la langue et des références au fond de soi, l'acceptation des changements survenus. Il ne faut pas imposer de direction, je sais, il faut prendre les choses comme elles viennent mais parfois ça aide beaucoup de ranger nos images dans des tiroirs (sans pour autant chercher à les plier).
4h dans un train, côté fenêtre sans voisin dans le sens de la marche, 57% de batterie, c'est au moins le temps qu'il me faut pour rassembler ces instants, ces paroles, ces regards, ces heures de petits matins et cette route parcourue avant de retraverser la manche d'un revers de la main. J'ai encore les deux pieds sur les rails de la SNCF et mesdames et messieurs dans quelques instants nous arriverons en gare de Poitiers, veillez à ne rien avoir oublié dans le train. Voilà, même les hauts-parleurs de Christophe notre chef de bord encouragent l'attention particulière.
Il faisait 7 degrés et j'ai pris le soin de me plier le corps légèrement pour pouvoir étendre mes jambes jusqu'au plafond. Je me suis demandée comment on faisait pour faire des galipettes amoureuses à l'arrière des voitures et j'en ai conclu, naïvement sans doute, qu'il fallait se sentir assez à l'aise avec son compagnon pour faire en sorte de se fondre en un seul corps. Tout cela n'a rien à voir avec moi. Je n'ouvris pas le livre de M. mais l'emportai fermé dans mon sac plusieurs heures avant d'en explorer les premières lignes.
Mon manteau comme couverture, cette fausse peau de mouton qui me permet d'emporter avec moi l'odeur du tabac de toutes les cigarettes consumées dans les salons, sur les terrasses, les trottoirs par lesquels je suis passée – et même dans les jardins qui rouvraient leur étendue de verdure, laissant aux jeunes le plaisir de cibler les gosiers des tourterelles avec les billes d'un pistolet en plastique. Je ne sais jamais par où prendre ces visites éclair au pays. La redécouverte du connu, la transition d'un monde à l'autre, l'ajustement de la langue et des références au fond de soi, l'acceptation des changements survenus. Il ne faut pas imposer de direction, je sais, il faut prendre les choses comme elles viennent mais parfois ça aide beaucoup de ranger nos images dans des tiroirs (sans pour autant chercher à les plier).
4h dans un train, côté fenêtre sans voisin dans le sens de la marche, 57% de batterie, c'est au moins le temps qu'il me faut pour rassembler ces instants, ces paroles, ces regards, ces heures de petits matins et cette route parcourue avant de retraverser la manche d'un revers de la main. J'ai encore les deux pieds sur les rails de la SNCF et mesdames et messieurs dans quelques instants nous arriverons en gare de Poitiers, veillez à ne rien avoir oublié dans le train. Voilà, même les hauts-parleurs de Christophe notre chef de bord encouragent l'attention particulière.
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