M. me dit qu'elle aussi
elle fait exister des moments dans sa tête pour des siècles
entiers. Qu'elle vit, vit et revit des instants qui n'ont duré que 5
minutes, 2 heures, 1 jour pour les six mois à venir et que ça lui
suffit pour être heureuse. Que ces moments, those beautiful, simply
beautiful moments de tendresse et de mise à nu fonctionnent
comme un carburant. Ca, elle me l'a dit après que je lui ai avoué
que j'avais tout mis par écrit, pris note de tout ce concentré de
charme et de frissons qui m'avait traversée pendant cette semaine de
novembre car, à défaut de le voir en vrai, je voulais garder la
preuve que cela avait existé en dehors de moi. Je lui ai dit que de
rencontrer son frère, cette situation doucement grisante qui
s'offrit à moi dans un cadre qui ne l'annonçait en rien, avait
totalement changé mon impression de Londres. Du jour au lendemain,
la légèreté s'était installée. Elle me dit yes, and it makes
you feel alive doesn't it. J'enchaîne avec Is it included in
the rent? et nous plaisantons. Je lui ai dit where shall I start? First I'll just blush for a bit, j'ai
rigolé, alright do you have an hour? On est monté dans sa
chambre, je me suis assise en tailleur sur le parquet jonché de
vêtements qu'elle était en train de plier et je me suis adossée
contre le mur. Je l'ai prévenue
que mon récit serait décousu car les flashes me revenaient petit à
petit, elle m'a dit qu'elle aussi elle racontait tous les détails et
puis que dans ce cas précis elle tenait à tous les avoir. He
just told me he took off your clothes. No he didn't, we both took off
our own clothes. Oh he should have.
De chez elle, M. peut
voir directement la chambre dans laquelle elle a perdu sa virginité
car son premier copain habite dans la maison d'en face. Il s'appellait John, elle l'a rencontré en passant devant chez lui, il passait
beaucoup de temps à sa fenêtre et elle distribuait des annonces
pour faire du babysitting. Bim bam le papier dans sa boîte aux
lettre et le tour était joué. Elle 16 ans, lui 20. 3 ans down
the line, elle a l'impression de lui avoir brisé le cœur en
partant. Elle lui avait donné un été de sursis car il lui avait
demandé. Elle voulait en finir mais ok, elle s'est faite belle pour
leur dernière soirée.
Ensuite elle a rencontré
Juan, l'espagnol qu'elle a dépucelé malgré ce qu'il prétendait, qui aujourd'hui refuse de passer par le village où elle
habite et qui supplie ses potes de faire un détour quand ils sont en
voiture. Ils ont fait l'amour dans toute la maison de vacances –
yeah a bit crazy. Were your
parents there? No no, thank god. Il
est venu la voir à Cardiff, il ne faisait que la suivre partout sans
rien regarder d'autre, elle s'est retrouvée à devoir rester au lit,
il a passé son temps à la regarder dormir. Plus tard, ils sont
retournés à Granada, elle a dû lui avouer des choses désagréables, il pleurait au volant garé au milieu d'une place
dans la moiteur des nuits andalouses "M., the dream is over".
Elle avait des larmes qui coulaient car il pleurait mais au fond elle
réprimait son rire plus que son chagrin et ne trouva rien d'autre à
dire que "yes, it's time to wake up". Là c'est moi qui ai
éclaté de rire, à 2h00 du matin sur le banc dans le jardin alors
qu'elle fumait sa roulée et que mes petits coussins de wheat
flottaient dans du lait de soja. It's a holiday fling which should
have just stayed a holiday fling. A Juan a
succédé Juanito qui, malgré les tentatives de rapprochement dûment
mises en place par M., a mis du temps à prendre conscience de ce
qui se tramait. Oh he's looking at the moon, well let's look at
the moon together then, it's very romantic isn't it? Yeah let's go
upstairs where the others are. Finalement elle y est allée
franco un peu plus tard dans la soirée. Autour, avant, après, je ne
sais plus, un Julian est venu compléter la malédiction des J.
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