Alors qu'enfin du bout du doigt je m'habituais à mon unique présence
entre ces murs de mille ans, il est l'heure de rassembler mes
affaires des quatre coins de ces pièces pour leur assigner un
endroit délimité de celui des autres. Plus que deux nuits où mon
souffle résonnera contre lui-même, plus que 48 heures qui n'en
auront pas l'air car, arrive un moment, celui où rien n'importe car
personne n'attend, les heures contiennent plus que 60 minutes et se
fondent très bizarrement les unes dans les autres. Plus que 5 repas
spontanés où la salade se fane, le pâté s'écrase, le bleu se
raidit, les épinards s'effilent en me disant oui mais c'est que
du bon avant de laisser quelques couverts sales dans l'évier
jusqu'au lendemain. Les papillons de nuits ne seront plus mes
compagnons d'infortune, je ne pourrai plus me plaindre aux oiseaux
qu'ils sont les seuls à me voir étendre le linge. La Dordogne, ma
belle douce, je devrai la partager de tout près et mes pieds
souffriront moins de sa froideur qui s'en va à mesure que ses berges
s'élargissent. Comme à chaque fois, je perdrai 5 ans en 1 jour, je
sentirai mes paroles tourner en rond ou sauter par la fenêtre, il y
aura des étincelles, on aura tous très chaud, on ne se supportera
pas toujours, nous et nous-mêmes-en-nous, on tentera de se détendre
en se demandant quoi faire, on se parlera sans s'écouter, on sourira
pour ne pas rire, on sera tous autour de la table de la cuisine à
pas d'heure pour manger des andouillettes et de la salade.
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