mercredi 12 février 2014

04.08.13

Les cernes de B.B. et les sourires qui lui échappaient indéniablement. Mon cœur s'est enchaîné dans ses propres battements car, bien avant que l'émotion ne soit palpable, il avait reconnu ces notes-là. C'était véritablement incroyable de me retrouver à le parcourir tout entier de mes yeux dans cet air du soir, celui qui me montrerait la première étoile filante de ma vie lorsque je levai le nez vers le ciel sur Bellecour, sur cet air de musique qui depuis longtemps s'est imposé comme une hymne des soirs sans, comme le refrain des combats qu'on livre en sourdine contre l'héritage d'un présent qu'on redoute un peu trop parfois. Il a fallu quitter la chaleur de l'amphithéâtre bien avant la fin, se faire une raison, ne pas rater le dernier métro et s'éloigner, sentir tous les pavés de Fourvière rebondir sous mes pieds, m'arrêter quelques secondes, reconnaître le titre qu'il chantait, répondre à cet écho en apesanteur et chanter encore. Ce n'était pas un de ces concerts dont on revient bluffé et le rythme dans la peau pour la nuit entière, non, là c'est dans le silence que je me suis sentie confirmée dans beaucoup de choses. Cette ville m'a remise à ma page. Pendant deux jours, nous avions Lyon qui s'étendait sous nos yeux et les rues qui n'en finissaient pas de grimper pour nous mener plus au cœur des choses, vous voyez. Dans ce petit resto, remarquer avec une dame qui se débarbouillait que la poignée des toilettes était placée drôlement bas sur la porte. Derrière cette porte ouverte, trouver deux fripes pour trois fois rien si ce n'est l'odeur d'années de scène. Le long d'une rue de la Croix Rousse toujours, piocher des gels douche dans un carton ouvert aux passants, n'en plus finir de s'exclamer que les gens sont gentils et que cette ville respire pour de vrai. Entre onze heures et minuit, sur les bords de Saône, on refait défiler tous les instants dans nos têtes, on prête du feu, on prend des Schweppes et on se demande quand est-ce qu'on sait qu'on vit le moment présent et je me dis qu'en fait la lumière que dégageait la basilique nous fournissait l'unique réponse. Il y a cette lumière qui ne s'éteint jamais.

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