J'ai dit non hier matin,
non hier après-midi et non hier soir. J'ai dit non sans l'articuler
à personne et surtout pas à moi-même. J'ai dit oui je me lèverai
tôt, TSF Jazz fidèle à mon poste, mais non je n'irai pas parler de
Said, j'irai encore moins écouter les autres en parler. J'ai dit
non, je ne sais pas organiser mes journées, elles sont si belles
pourtant quand elles se réveillent à moi et qu'elles me chuchotent
que le jour est long, moi sous ma couette, le bilan de Salamanca
défile sous mes doigts, des milliers de notes dans les oreilles et
une demie maison qui dort encore. J'ai dit non tu sais le temps, son
emploi, très peu pour moi, voyez comme j'ai peur sous mon calme,
voyez comme il est aisé de se recroqueviller. Je m'enivre de
chansons, les tourments des autres sont mon essence car je peux
placer les miens entre leurs lignes sans rien dire à personne. Non à
personne. Il n'y a que le silence du matin pour me redonner
l'insouciance. A 9h34 je finis une pellicule qui dormait dans sa
boîte noire, à 9h52 j'enfourche mon vélo pour qu'un monsieur lui
ouvre le ventre et me dise revenez mardi, à 10h10 j'oublie presque
de récupérer ma lampe chez l'électricien dont la petite
boutique remplie d'ampoules me fait ouvrir les yeux, à 10h19 je
retire de l'argent et à 10h31 j'entre dans cette salle bleue
chauffée par des radiateurs bleus et la moquette bleue me demande:
mais où étais-tu tout ce temps? C'est toujours le souvenir de
Flaubert qui m'accueille quand j'entre dans cette salle. Et bien, ma
jolie, qu'ai-je à répondre? Que je ne sens vraiment mes jambes que
lorsque je retrouve les trottoirs à la tombée de la nuit, que je
ferme la porte en voulant ouvrir les fenêtres trois fois plus grand,
qu'en Espagne la voie était libre alors qu'ici de petites choses
l'obstruent facilement. Et tu sais comme il faut du temps pour tout
ça, oui je sais que tu sais, alors je cherche ma route sans jamais
perdre les clés de la maison, je lève les yeux au plafond même si
on sait tous que c'est toujours en les fermant qu'on trouve le plus
de réponses.
La Mam: Tiens bon. :)
RépondreSupprimerHakuna matata !
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